Grand angle

Patricia Leblanc

Violoniste, Directrice musicale de l’Union Musicale de Lagny-sur-Marne

Patricia Leblanc, violoniste, directrice musicale de l’Union Musicale de Lagny-sur-Marne et passionnée par le violon depuis toujours nous parle de sa passion
« A 62 ANS, MA PASSION POUR MON MÉTIER EST TOUJOURS INTACTE. »
Patricia Leblanc

Comment êtes-vous devenue violoniste ?

J’ai commencé le violon à l’âge de 10 ans. Au fil du temps et du travail, la certitude m’est apparue que j’en ferai mon métier. Nous sommes trois sœurs musiciennes initiées à la musique par notre père, accordéoniste. Le début de notre apprentissage a été chaotique : difficile de travailler trop longtemps dans un appartement, les voisins tapaient au mur pour nous faire taire ! A 14 ans, j’ai été admise au conservatoire de Dijon puis j’ai passé mon bac et une licence de musicologie tout en étudiant le violon au conservatoire. J’ai croisé le chemin de grands pédagogues comme Gérard Poulet qui m’a enseigné la rigueur dans le travail, la justesse d’une phrase, du rythme et des notes, au service de la musicalité. En 1994 j’ai été titularisée dans la fonction territoriale et suis arrivée à Lagny l’année suivante. J’ai obtenu le diplôme d’Etat. Parallèlement j’ai continué ma carrière de violoniste au sein de l’Orchestre Philharmonique de Radio France et de l’Orchestre National de France et depuis 28 ans, à l’Opéra de Massy. J’ai beaucoup voyagé et me suis nourrie d’échanges culturels.

Le violon est un instrument plutôt aiguë et souvent soliste. Il s’utilise dans tous les styles de musique, le répertoire est vaste et varié. Je le place sous ma joue et dès que l’archet passe sur les cordes, il se met à vibrer dans tout mon corps, c’est magique !

On parle souvent de l’image conservatrice des conservatoires français, pensez-vous que l’enseignement doit s’ouvrir?

Je ne défends pas un enseignement traditionnel. Les enfants ont énormément évolué en 40 ans. Il faut changer, trouver des méthodes plus sympathiques qui ouvrent l’esprit des enfants. Avec Daniel Jover, le nouveau directeur du conservatoire de Lagny, nous avons mis en pratique une méthode fantastique qui s’appelle « Colour Strings ». Ma classe est pleine ! Cela a changé la manière d’aborder la musique et l’enseignement du violon est moins rébarbatif. Le solfège a été remplacé par la « formation musicale », plus ludique. On apporte son instrument pendant les cours par exemple. J’ai arrangé pour mes élèves des partitions de Game of Thrones, je leur fais jouer de la musique de variété, de la musique celtique…et bien entendu du Mozart ! On dit souvent que le violon c’est ringard mais ce n’est pas vrai du tout !

 

« On dit souvent que le violon c’est ringard mais ce n’est pas vrai du tout ! »
Patricia Leblanc

A travers la Musique, j’essaie de transmettre une joie de vivre, un plaisir de jouer ensemble, de partager des émotions nouvelles. L’école de Musique est un lieu de convivialité et de partage. Nous ne refusons personne, tous les âges sont représentés, de 4 à 70 ans, car nous n’avons pas pour vocation de former des professionnels. Evidemment lorsque qu’un élève présente une aptitude à la musique et qu’il souhaite en faire son métier, nous l’accompagnons dans sa démarche. Mais un bon élève est avant tout un élève qui est heureux de venir jouer. Chaque instrument a ses difficultés techniques qui ne peuvent être surmontées que par le travail mais cela ne doit pas être une torture.

Qu’est-ce que l’Union musicale de Lagny-sur-Marne et quel est votre rôle ?

L’union musicale est un orchestre symphonique qui existe depuis 1843 et qui regroupe 38 musiciens permanents. Je dirige cet orchestre depuis 20 ans et organise le programme des concerts de l’année. Il y a 20 ans, lorsque le président de l’époque, Bernard Altwies, m’a demandé de remonter l’orchestre, nous n’étions que
3 musiciens ! Le travail de reconstruction a été long, mais grâce à des programmes attractifs et variés, l’orchestre s’est étoffé. La Mairie de Lagny nous aide énormément.

Cette année nous avons 8 nouveaux inscrits et beaucoup d’anciens élèves reviennent après leurs études. Nous accueillons des amateurs ainsi que des élèves de conservatoire. Il est important pour la qualité musicale que tous les musiciens s’entendent bien et répètent ensemble régulièrement. Lorsque le programme est difficile, nous organisons des partielles avec les cordes ou les vents séparément. Nous jouons dans des maisons de retraites, les Etablissements d’Accueil pour Personnes Agées Dépendantes (Ehpad), à l’Espace Charles Vanel, dans les salons d’Honneur de l’Hôtel de Ville… Nous proposons également nos services au conservatoire de musique (afin de confronter les élèves à un véritable orchestre symphonique).

Nous avons joué Carmen l’année dernière et cette année nous préparons les Fables de la Fontaine d’Offenbach avec les élèves de Saint-Laurent et du conservatoire de Lagny (représentation le 16 mai 2017 à l’Espace Charles Vanel). Elisabeth Bassereau, professeur de musique à St-Laurent, fait apprendre les chants aux enfants, Laurence Sévenier et moi-même dirigeons la partie instrumentale. Samedi 10 décembre, nous jouons dans les salons d’Honneur de l’Hôtel de Ville avec en première partie un invité de marque : Bernard Neuranter, tuba solo à l’Orchestre National de France. La 2ème partie du concert sera consacrée à la Symphonie du Nouveau Monde de Anton Dvorak, extrêmement connue et très riche en thèmes populaires. Tout le monde est emballé et a eu cœur de bien apprendre sa partition.