Dans les locaux de l’Espace Fort du Bois, nous rencontrons les deux nouveaux médiateurs : Jean-Baptiste et Mohamed. Lorsqu’ils ne sont pas sur le terrain, c’est ici qu’ils travaillent, rédigeant leurs rapports ou accompagnant les habitants dans leurs démarches informatiques grâce aux différents postes mis à disposition dans cet espace d’accueil.
JEAN-BAPTISTE, médiateur travaille sur un dossier de conflit de voisinage.
Ce jeune homme de 33 ans a la médiation dans la peau.
Etudiant en Médiation et modèles de développement lorsqu’il arrive à Lagny en 2012, il s’interroge sur ce qu’il peut apporter à la localité. Il constate alors un vide dit-il, dans l’accompagnement des jeunes et décide de s’investir.
« Je souhaitais apporter le résultat de mes recherches universitaires […] La médiation c’est la libre adhésion à une action. Le médiateur propose, ceux qui sont intéressés s’engagent. Les habitants sont acteurs de la solution. Nous les accompagnons afin qu’ils trouvent par eux-mêmes les clefs pour y arriver. Il s’agit d’un dialogue vers un résultat déterminé, dans l’équité et la neutralité. Il est important de ne pas prendre part. Le fort du médiateur c’est la discrétion qui lui permet de nouer une relation de confiance. Le rôle du médiateur au quotidien est de créer ou réparer le lien social. »
L’avantage de Jean-Baptiste est qu’il connaît les jeunes, il fait comme partie de la famille.
Dans l’imaginaire collectif, la médiation ne s’adresse qu’aux jeunes. En réalité, il s’agit d’une interface entre la population et les institutions (mairies, bailleurs, services de l’état). Les habitants ont des droits communs qu’ils ignorent ou ne savent pas appliquer. Le rôle du médiateur est de les aider ou de les orienter.
Jean-Baptiste a pris goût à la médiation lorsqu’il était au séminaire de Dakar « j’ai senti en moi un désir d’aider, le souci d’un monde harmonieux et équitable … Il est animé par le sens du partage et la tolérance. »
Contact : 07 88 59 06 33
MOHAMED, médiateur travaille sur un dossier d’insertion professionnelle.
A 35 ans, Mohamed était à la recherche d’un emploi après huit années de management dans l’industrie aéronautique : « J’ai d’abord entendu parler du poste de médiateur puis j’ai été sollicité par un animateur de la ville qui m’a conseillé de me lancer ». Réticent d’abord, il est séduit par l’idée de travailler avec les habitants du quartier Orly Parc qu’il connaît bien car il y vit depuis 20 ans.
Il connait les grands frères de la famille car il a grandi là et la confiance des habitants est toute gagnée. Pourtant, depuis qu’il est médiateur Mohamed est confronté à une réalité qu’il ne mesurait pas : « Les jeunes sont livrés à eux mêmes. Ils ont de grandes difficultés à trouver un emploi. Les secteurs qui recrutent sans formation ne sont pas les plus motivants et les autres sont inaccessibles sans retourner à l’école. Or les jeunes veulent travailler, ils veulent gagner de l’argent ! […] Les personnes âgées, quant à elles sont repliées sur elles-mêmes, sortant peu à cause de la mauvaise image que renvoie le quartier qu’elles ont vu se dégrader au fil du temps. Mais paradoxalement il est très difficile de les sortir de leur quartier et elles sont réticentes lorsqu’on leur propose de participer à un événement ! »
Enfant du quartier, Mohamed veut se rendre utile et mettre son expérience au service des habitants. Il vit cette mission comme un challenge.
Contact : 06 45 14 62 60
Le long chemin de la médiation
Mis en place au cours des années 1990, freinés en 1997 par la création de la police de proximité puis abandonnés en 2003 par le gouvernement en place, les emplois de médiation reprennent du galon. En 2011, ils sont reconnus par le Comité Interministériel des Villes et en 2016, la norme métier de la médiation sociale est créée sous l’égide de l’État, offrant pour la première fois un cadre commun à l’ensemble des acteurs de la médiation sociale.